
L’ANSES, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire et Santé Publique France viennent de présenter les résultats d’une étude sur l’exposition des riverains de zones viticoles aux pesticides (PestiRiv). Ainsi, des échantillons d’urine, de cheveux, d’air intérieur, de poussières ont fait l’objet d’une vaste étude.
L’étude a porté sur 265 zones de 6 régions viticoles dont plusieurs dans les départements du Languedoc-Roussillon. Le résultat est que l’exposition aux pesticides est plus importante pour les personnes vivant à proximité des vignes. Pour les urines, la contamination est entre 15 % et 45 % plus élevée, Pour les poussières, la contamination peut-être jusqu’à 11 fois plus élevée, et 12 fois plus élevée dans l’air ambiant.
La surexposition des enfants de 3 à 6 ans est supérieure à celle des participants plus âgés, car ils peuvent avoir des comportements qui les exposent davantage (contact avec le sol, par exemple) et leur organisme élimine moins bien les polluants.
En période de traitement, les taux de contamination sont nettement plus élevés. Il est recommandé d’éviter la consommation de légumes et de fruits du jardin, les œufs de poulaillers domestiques, d’étendre le linge dehors, de se déchausser au domicile ou de laisser les fenêtres ouvertes. Il est impératif de croiser ces données avec des données sanitaires, en particulier celles des cancers pédiatriques, mais aussi celles des troubles du neurodéveloppement comme le spectre autistique ou ceux de l’apprentissage.
La faiblesse de cette étude est que les quantités précises ne sont pas communiquées. La recommandation de limiter l’utilisation de ces produits au strict nécessaire n’est pas bien ambitieuse, d’autant plus que les plans successifs d’Ecophyto de réduction de 50 % de l’utilisation des produits phytosanitaires n’ont pas été respectés.
La mise en place de chartes avait été prévues en 2019 afin de protéger les riverains, validées par les préfets, sur proposition de la profession agricole, après concertation avec les représentants des habitants. Or, plusieurs de ces chartes ont été remises en causes par la justice administrative en première instance et en appel car considérées comme insuffisamment protectrices pour les riverains.
Le Conseil d’Etat a confirmé ces décisions en ordonnant, en 2021, que les règles d’utilisation soient complétées pour mieux protéger la population. Les distances d’épandage minimales doivent être augmentées pour les produits quine sont que suspectés d’être cancérigènes, mutagènes ou toxiques.
Des mesures doivent également être prises pour protéger les personnes travaillant à proximité, et une information des riverains doit être organisée en amont de l’utilisation de ces produits. Le Conseil d’Etat remet enfin en cause la compétence du préfet en précisant que ces dispositions relèvent de la loi.
Pour en savoir plus vous pouvez consulter cet article sur notre site national et l’étude complète sur le site de Santé Publique France.